Dans un environnement économique de plus en plus incertain, les entreprises ont tendance à naviguer à vue. En tant que DRH, l’enjeu est d’opérer des choix pertinents pour le présent et l’avenir, si l’analyse rationnelle est nécessaire, la dimension subjective entre également en ligne de compte.
Sous l’effet de la crise économique, l’incertitude n’a jamais été aussi présente dans les entreprises. Comment va évoluer le business à court, moyen et long termes ? Telle est la question qui agite les directions générales, avec un impact direct sur les décisions RH, notamment en termes d’adaptation de la force de travail et des compétences. Leur défi est d’anticiper les possibles évolutions pour prendre dès à présent les mesures adaptées.
Le DRH doit ainsi se préparer à des situations plus ou moins prévisibles, en recueillant le plus possible de données économiques et stratégiques et en les analysant. Une démarche prospective qu’il s’agit ensuite de relayer auprès des salariés et des représentants syndicaux.
Avant de prendre une décision, potentiellement lourde de conséquences, le DRH doit faire preuve de transparence sur la situation de l’entreprise, les défis qu’elle affronte et les risques sur l’emploi.
Si l’analyse objective est à la base de toute décision, elle n’est sans doute pas la seule façon d’opérer. Une récente étude, menée par des chercheurs de l’université de Tel Aviv, livre un résultat étonnant : l’intuition se révèle souvent bonne conseillère. Comment expliquer son efficacité dans la prise de décision ? Notre cerveau analyse, à notre insu, les conséquences possibles de chaque option en s’appuyant sur les souvenirs, les expériences passées et en tire des enseignements pour l’action. De ce processus inconscient émerge une intuition qui ne sort donc pas « de nulle part », même si c’est l’impression qu’elle peut donner. Comme l’indique cette étude, la dimension rationnelle n’est pas la seule à prendre en compte : la psychologie joue également un rôle, positif ou négatif. « Le décideur s’appuie sur une “rationalité limitée”, confirme Bruno Jarrosson, professeur de philosophie des sciences et directeur associé de DMJ et c’est aussi pour cela qu’il nous faut des outils intuitifs.
Une vérification nécessaire, pour éviter des erreurs courantes dans la prise de décision : par exemple, le fait de surestimer ou de sous-estimer le niveau d’incertitude. D’autres travaux scientifiques, menés notamment par le neurologue Antonio Damasio, ont mis en avant le rôle des émotions dans la prise de décision. L’anxiété, par exemple, peut signaler un possible risque d’erreur et donc le besoin de réexaminer les éléments d’analyse. Pour prendre des décisions efficaces, le DRH a sans doute intérêt à allier intelligence rationnelle et intelligence émotionnelle. Cela nécessite à la fois une bonne connaissance de son environnement et une bonne connaissance de soi, mais surtout une bonne capacité à trancher rapidement.